Les chasseurs à moteur à pistons ont régné en maîtres pendant trente ans.
Une sélection naturelle et brutale des plus performants a entraîné une évolution rapide de ces machines singulières : les derniers chasseurs étaient plus de six fois plus rapides et environ dix fois plus lourds que ceux de la la première génération. Alors que les premiers modèles ne disposaient que d'une seule arme de calibre fusil, le Tigercat de 1943 disposait d'un arsenal impressionnant de quatre armes de calibre 50 et de quatre canons de 20 mm.
Il possédait également une puissance quarante fois supérieure à celle d'un chasseur de la Première Guerre mondiale. L'ère des avions de chasse classiques s'est achevée en beauté avec d'immenses et puissants chefs-d'œuvre. Nous nous sommes intéressés à l'âge d'or de la conception des chasseurs à hélice pour choisir les dix machines les plus redoutables.
10 : Focke-Wulf Ta 152H
Plus rapide et doté d'une plus grande autonomie que le Spitfire Mk XIX, le Focke-Wulf Ta 152H allemand était peut-être le meilleur chasseur à moteur à piston au monde à haute altitude. Il s'agissait d'une évolution du Fw 190. Si la guerre avait duré et impliqué la venue du Boeing B-29 Superfortress américain en Europe, le Ta 152H aurait été son ennemi juré. Son canon automatique de 30 mm était extrêmement destructeur et soutenu par deux redoutables canons automatiques de 20 mm.
L'utilisation du système d'injection de protoxyde d'azote (gaz hilarant) GM-1, qui lui permettait d'atteindre une vitesse vertigineuse de 760 km/h, était la clé de ses remarquables performances à haute altitude. À basse altitude, sa vitesse était favorisée par le MW 50 (Methanol-Wasser 50), un mélange 50-50 de méthanol et d'eau pulvérisé dans le compresseur.
Le cockpit pressurisé (qui n'a jamais été tout à fait au point) et l'aile plus longue que celle des autres chasseurs, afin de gagner en portance à haute altitude, font partie des spécificités qui ont conféré à ce modèle ses performances remarquables à haute altitude. Heureusement pour les Alliés, il n'a volé pour la première fois qu'en janvier 1945, trop tard pour être utilisé à bon escient. Seuls 69 appareils ont été construits.
9 : Lavochkin La-11
Le La-11, chasseur opérationnel soviétique à moteur à pistons phare et avion de prédilection pour les opérations à basse et moyenne altitude, représentait l'apogée de la superbe série d'avions de combat Lavochkin. Il reste l'un des rares avions de cette liste à avoir été souvent utilisé lors d'opérations de combat.
Dernier d'une illustre lignée, il a provoqué un grand nombre d'attaques aériennes pendant la guerre froide, abattant au moins deux P-51 Mustang. Le La-11 a marqué l'apogée du chasseur soviétique à moteur à pistons.
Avec une vitesse de pointe impressionnante de 674 km/h et un armement à trois canons, le La-11 a su tirer profit d'une conception de base robuste datant de 1940. Son succès est dû à sa modernité lors de sa sortie en 1947, étant un des premiers chasseur à moteur à pistons à l'ère des avions à réaction.
8 : Dornier Do 335 Pfeil
Le Dornier Do 335 allemand était très singulier. Il était équipé de deux moteurs en tandem dans le fuselage et d'un système d'hélice unique avec une hélice à l'avant et une à l'arrière. La puissance d'un bimoteur combinée à la petite surface frontale d'un monomoteur donnait un avion incroyablement rapide, avec une vitesse de pointe remarquable de 763 km/h.
Le Do 335 était rapide, rien de surprenant avec ses deux moteurs d'une puissance totale de 3800 chevaux, mais pas aussi maniable que le Spitfire ou le Ta 152H, avec un taux de virage soutenu nettement inférieur.
Le Do 335 avait une poussée redoutable avec un arsenal formidable composé d'un canon automatique de 30 mm et de deux canons automatiques de 20 mm. Il s'agissait d'un avion efficace de grande taille, pesant environ 10 tonnes métriques, mais, comme le Focke-Wulf Ta 152H, il est arrivé trop tard pour contribuer à l'effort de guerre. Quelques-uns d'entre eux ont participé à des opérations, mais on ne sait pas grand-chose de ce qu'ils ont accompli. Si le moteur à réaction n'avait pas fait irruption sur la scène, il est probable que plusieurs autres modèles auraient imité cette conception révolutionnaire.
7 : Supermarine Spitfire F.Mk 24
Les derniers Spitfire étaient-ils vraiment des Spitfire ? Ils étaient de formidables engins. Avec une cellule relativement petite, deux fois plus de puissance que le Spitfire original et une aile modernisée, le Spitfire est resté un chasseur de classe mondiale. Le Mk 24 était presque identique au Mk 22, à l'exception de petits détails. Le Mk 24 reste le Super Spitfire favori pour notre liste.
7 : Supermarine Spitfire F.Mk 24
L'étroitesse du cockpit rendait l'évacuation très délicate et l'éjection en position assise impossible. La société Martin-Baker a proposé un système d'évacuation, mais il n'a pas été adopté. Très propre, avec une voilure moderne, une puissance décente et une petite section transversale frontale, les derniers Spitfire représentaient la solution la plus élégante pour le vol à très haute vitesse.
L'appareil était très efficace, avec une hélice moderne à cinq pales et un surcompresseur entraîné par le moteur, bien plus compact que la solution américaine. Le taux de virage soutenu du Spitfire 24 était le meilleur de sa génération.
6 : Grumman F7F Tigercat
Le Grumman F7F Tigercat était une machine impressionnante, dotée d'une puissance de plus de 4 000 chevaux, d'une grande autonomie, d'un superbe taux de montée et d'une vitesse de pointe exceptionnelle de 708 km/h. Pour un bimoteur, il était également très manœuvrable, avec un taux de virage soutenu supérieur à celui des monomoteurs M.B.5 et F8F. Il est surprenant d'apprendre qu'il n'a réussi à abattre que deux de ses cibles.
Anecdote intéressante, le F7F devait être baptisé « Tomcat », mais ce nom a été jugé trop suggestif sur le plan sexuel. Ce nom a été utilisé plus tard pour le F-14, rendu célèbre par le film *Top Gun*.
6 : Grumman F7F Tigercat
La puissance était fournie par deux moteurs radiaux Pratt & Whitney R-2800 Double Wasp, un groupe motopropulseur impressionnant également utilisé par le Hellcat et le Bearcat de Grumman. Le capitaine Fred Trapnell, pilote d'essai chevronné de l'US Navy, considérait qu'il s'agissait du meilleur chasseur qu'il ait jamais piloté.
Le Tigercat a participé à la guerre de Corée en tant que chasseur d'attaque et chasseur nocturne. Il a connu une nouvelle vie en tant que bombardier d'eau, luttant contre les incendies en Californie dans les années 1960 et 1970.
5 : Martin-Baker M.B.5
Le Martin-Baker M.B.5 britannique a été unanimement loué par ceux qui l'ont piloté pour sa vitesse, son rayon d'action et son taux de montée exceptionnel. La clé de ses formidables performances réside dans ses hélices contrarotatives à deux niveaux, qui lui permettent de mieux exploiter l'énorme puissance du moteur Rolls-Royce Griffon.
Sa vitesse de pointe supérieure à 724 km/h, son cockpit extrêmement bien conçu pour les pilotes, et sa facilité d'entretien font partie des nombreux atouts de ce superbe chasseur. Le pilote polonais Janusz Żurakowski le considérait comme supérieur au Spitfire à bien des égards.
5 : Martin-Baker M.B.5
On ne saura jamais s'il était à la hauteur de son potentiel, ayant eu la malchance de naître dans un monde regorgeant de Spitfire Supermarine et de Hawker Tempest, de qualité inférieure mais plus nombreux. L'effort nécessaire à la création d'un nouveau constructeur aéronautique était la dernière chose dont la Grande-Bretagne avait besoin à l'époque.
La fin heureuse de cette histoire est que Martin-Baker, libéré de la contrainte de produire des avions, a continué à créer d'excellents sièges éjectables pour permettre à l'équipage de s'échapper d'un avion en détresse, ce qui a sauvé la vie de plus de 7 700 membres d'équipage. C'est le leader mondial dans ce domaine aujourd'hui.
4 : North American P-82 (renommé F-82) Twin-Mustang
Machine étrange constituée de deux fuselages de P-51H allongés et reliés par une nouvelle section centrale, le P-82B détient le record du plus long vol sans escale et sans ravitaillement d'un chasseur à hélice, sur une distance de 8129 km parcourue en 14 h 32 min, à une vitesse moyenne impressionnante de 558 km/h.
Le P-82 a été créé dans l'optique d'offrir un long rayon d'action pour protéger les bombardiers Boeing B-29 Superfortress lors des missions de bombardement sur de longues distances. Il pouvait être équipé d'un radar et servait d'intercepteur tous temps.
4 : North American P-82 (plus tard F-82) Twin-Mustang
Ce monstre de 4 500 chevaux a participé à la guerre de Corée, où il a détruit 20 avions ennemis, dont quatre dans les airs et 16 au sol. En plus de sa longue portée, il était exceptionnellement rapide, avec une vitesse maximale ahurissante de 775 km/h.
Malheureusement pour l'USAF, les modèles ultérieurs du Twin-Mustang étaient équipés de moteurs Allison plutôt que des superlatifs Merlin qui équipaient les premiers exemplaires (en raison de l'augmentation des redevances exigées par Rolls-Royce) et les performances s'en trouvaient réduites. Le F-82 a perduré jusqu'à l'ère de l'avion à réaction, avant de prendre sa retraite en 1953.
3 : de Havilland Hornet
Ayant piloté plus de types d'avions que quiconque, la personne la plus qualifiée pour juger un chasseur à moteur à piston était le pilote d'essai britannique Eric Winkle Brown. Selon lui, le Sea Hornet monoplace était le meilleur avion qu'il ait jamais piloté, le décrivant comme une « Ferrari des airs ».
Grâce à des techniques structurelles développées à partir du Mosquito, une section frontale et un fuselage minuscules, ainsi qu'à une puissance impressionnante, il était joyeusement surpuissant. Le Hornet était essentiellement une version modernisée et aérodynamique du Mosquito, débarrassé du poids et de la traînée qu'impliquait la présence d'un second membre d'équipage.
3 : de Havilland Hornet
Le Hornet (et la version Sea Hornet destinée aux porte-avions) était l'apogée de l'école minimaliste de conception d'avions de combat, en associant une surface mouillée minimale à une puissance maximale. Le Hornet était un étonnant chef-d'œuvre aéronautique.
Capable d'atteindre une vitesse fulgurante de 764 km/h et armé jusqu'aux dents de quatre canons de 20 mm, il disposait également d'un excellent rayon d'action et pouvait voler très haut. Le Hornet était le meilleur chasseur britannique bimoteur jamais piloté.
1 : Hawker Sea Fury
Selon nous, le Hawker Sea Fury et le Grumman F8F Bearcat sont des chasseurs tout aussi impressionnants, et c'est pourquoi ils occupent tous les deux la première place de cette liste.
Le Hawker Sea Fury britannique était l'apogée de l'illustre gamme de chasseurs à hélices de Hawker. Il était robuste, bien armé, rapide et agile. Malgré sa taille et sa puissance énormes (2480 ch), il possédait d'excellentes qualités de pilotage. Le Sea Fury a été envoyé à la guerre de Corée, où il s'est révélé être un excellent avion de guerre, abattant notamment un chasseur à réaction MiG-15 en 1952.
1 : Grumman F8F Bearcat
L'un d'entre eux détient le record absolu de vitesse ascensionnelle pour un avion à moteur à piston (le Bearcat à 3048 mètres en 94 secondes) et les deux ont détenu le record de vitesse maximale sous des formes modifiées et améliorées (le Sea Fury à environ 832 km/h pendant de nombreuses années, puis le Bearcat à 850 km/h). Les deux sont apparus pour remédier au même problème : il était trop difficile d'utiliser un chasseur à réaction à partir d'un porte-avions, ce qui a permis au développement des chasseurs à moteur à piston d'atteindre son apogée. Ils sont si proches l'un de l'autre qu'il est impossible de les départager.
Le F8F Bearcat était le joyau ultime du panthéon des chasseurs navals à moteur à piston de la société américaine Grumman. Le Bearcat était encore plus puissant que le Hellcat. Compact et d'une maniabilité sans faille, il était tout à fait remarquable. Le Bearcat est l'appareil américain le mieux classé en partie parce qu'il est réellement entré en service.
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